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Dehli, jour 23

(23 février 2018)

 

Hello tout le monde !

 

Aujourd'hui était une journée particulière...

 

Quand j'ai préparé mon projet, je souhaitais vivre deux choses principales en Inde. La première c'était d'essayer de reconstituer un peu le puzzle de ma vie en visitant certains lieux, en rencontrant des gens qui étaient là dans les années 80, en essayant peut-être de participer un peu à la vie indienne et de l'orphelinat etc. Et la deuxième était de découvrir ce pays à travers toutes les richesses qu'il contient.

 

La première partie était divisée en 7 étapes. Depuis notre arrivée à Kolkata, j'ai presque vécu toutes les étapes que je souhaitais et c'était même au-delà de mes espérances. Il me reste encore à rencontrer Kalpona Naskar qui était une massi à Shishu Bhavan en 1982 et qui travaille aujourd'hui à Daya Dan. Nous voulions y aller avant notre départ pour Delhi, mais comme je n'étais pas en super forme, nous avons décidé de remettre cela à notre retour.

 

La dernière étape de mon cheminement personnel était d'aller à Delhi. Si nous avons choisi cette ville, ce n'est pas un hasard. Un jour avant mon arrivée en Suisse en juillet 85, j'ai dormi une nuit à Delhi dans l'orphelinat de Mère Teresa. Je souhaitais aller voir à quoi cela ressemblait. Je me disais aussi que si je ne vivais pas cette étape, ce n'était pas non plus capital.

 

Mais ce qui m'intéressait aussi, c'est le fait que mon petit frère qui a été adopté trois ans plus tard, est né dans cet orphelinat. Et je me suis dit que cela pouvait être intéressant de pouvoir y aller, prendre des photos, lui montrer le lieu et peut-être même avoir des informations sur son histoire. Car pour le moment, il n'y est pas encore retourné.

 

En ce début d'après-midi nous sortons de l'hôtel pour aller à l'orphelinat. Un chauffeur de tuk-tuk veut nous y emmener. Mais en voyant l'adresse, il ne peut pas, car c'est trop loin pour lui et qu'il nous faut prendre un taxi pour une aussi longue distance. C'est un de ses amis qui nous conduit jusqu'à la station des taxis. Du moins c'est ce que nous croyons.

 

En fait, il nous dépose devant une agence de voyage. Nous entrons et nous montrons l'adresse où nous souhaitons aller. Ils nous font nous asseoir, nous proposent un café (qui n'arrivera jamais) et commencent à passer je ne sais combien de coups de téléphone. Ils finissent par passer la communication à Laurent qui essaie de lui faire comprendre que nous souhaitons juste prendre un taxi maintenant pour aller à Mathura Road.

 

Pendant ce temps, je demande pourquoi il n'est pas possible de juste demander à un taxi dans la rue et de nous y emmener. J'avais vu sur google map, mappy et cie qu'il fallait 28 minutes pour y aller. Ok, comptons deux heures pour être large. Finalement, ils se sont trompés et effectivement, ce n'est pas si loin que ça et notre chauffeur de tuk-tuk qui a attendu tout ce temps-là, accepte de nous conduire.

 

Nous pensions que ce serait simple et même pour un petit trajet comme celui-là, c'est une expédition qui commence.

 

Il se fraye un chemin dans la circulation et finalement, nous arrivons à Mother Teresa Jeevan Jyoti Home. Un homme nous fait signer un registre de passage et nous entrons.

 

Il y a partout des photos de Mère Teresa, des sculptures à son effigie et sur la droite une salle de prière. Une sœur arrive et nous installe dans une pièce à côté où il y a juste une table et des chaises.

 

Nous expliquons la raison de notre venue et je sors mon dossier d'adoption.

 

Elle regarde tout en détails et finit par me dire que nous ne sommes pas au bon endroit, car ici, il n'y a pas d'adoption. Elle part chercher son carnet pour nous donner la bonne adresse.

 

C'est une autre sœur qui arrive et qui nous transmet les informations. Je recopie soigneusement toutes les informations sur mon petit carnet et nous repartons.

 

Ici à Jeevan Jyoti Home, il y a des enfants, mais nous ne pourrons pas les voir car c'est l'heure de la sieste.

 

Devant l'entrée, il y a la première sœur à qui nous avons parlé qui indique à notre chauffeur de tuk-tuk comment y aller.

 

Nous repartons donc pour Mother Teresa Shishu Bhavan mais à Delhi. Le trajet dure trente minutes. Nous apercevons de loin différents monuments et le guide se fait un plaisir de nous expliquer ce que nous voyons. Nous passons devant je ne sais combien de parcs. Ils sont gigantesques et en plein milieu d'un rond point où la circulation est monumentale. Cela fait drôle de voir les indiens pic-niquer ou prendre leur pause dans toute cette pollution.

 

Puis nous arrivons à Shishu Bhavan. Un homme nous ouvre le portail. Il est plus de 15h, les enfants auront fini leur sieste. A nouveau nous signons un registre de passage. Nous attendons dans un hall d'entrée qu'une sœur vienne à notre rencontre. Le lieu est épuré, avec un grand panneau d'affichage où il y a pleins de photos d'enfants adoptés avec leurs nouvelles famille. A côté, se trouve une autre salle où il y a un canapé et une table ronde. Sur un mur, on peut y lire qu'il y a 22 filles et 1 garçon dans cet orphelinat. Les photos sont interdites mais nous sommes seuls et j'essaie d'avoir un maximum de photo pour mon frère.

 

Une sœur arrive. Nous expliquons la raison de notre venue pour la seconde fois. Elle n'est pas en mesure de nous donner des informations sur l'histoire de mon frère pour deux raisons. La première est que la personne chargée des dossiers n'est pas là et la deuxième est qu'il est le seul à pouvoir recevoir ces infos. Personne d'autres ne peut les lui transmettre.

 

Elle accepte ensuite de nous faire visiter les lieux. C'est une autre sœur qui prend la relève. Nous entrons dans un couloir avant de monter des escaliers. Tous les murs sont peins de dessins d'animaux, c'est très coloré, très joyeux et très beau. Dans le couloir, il y a des armoires roses. Sur la droite, c'est la salle de jeux où les enfants viennent passer du temps. Il y des petites chaises spéciales pour les enfants handicapés, à nouveau, pleins de dessins sur les murs, les meubles sont tous colorés.

 

En face du couloir, c'est le dortoir. Les lits sont jaunes. Ils sont vides, à l'exception d'un où une petite fille est encore en train de dormir. A ce moment-là, arrive le seul petit garçon de l'orphelinat. Il tient la main d'une sœur. Nous le suivons dans la pièce située juste à côté. C'est leur réfectoire. Les petites filles sont en train de prendre leur goûter, de la purée de pommes. Elles ont toutes sauf une je crois un handicap moteur. La plupart font de grands sourires pendant que d'autres sont soient encore en train d'un peu dormir, soit un peu plus apathiques que les autres. Des massis et des sœurs les nourrissent. Une petite fille un peu plus âgée et sans doute sans handicap, donne à manger à une de ses copines. Elle est fière d'aider.

 

Dans la pièce d'à côté, c'est la salle de kiné. Des tapis sont installés au sol, des armoires avec des jeux pour les enfants. Une petite dort sur les tapis, une autre range du matériel dans une armoire. Sur la droite, il y a un lit avec une fille de 12-13 ans qui fait de la rééducation avec la kiné. Elle lui tient la jambe avec une sorte de gros élastique et elle doit essayer de faire des mouvements de gauche à droite.

 

Nous passons un peu de temps avec les petites filles. Certaines ont des attelles aux bras, d'autres ont la tête qui penche mais nous ne nous attardons pas trop. La sœur nous indique la sortie. En redescendant l'escalier, nous apercevons par la fenêtre un jardin avec un toboggan et des balançoires.

 

La sœur qui nous a accueilli est Sœur Sharon et elle noue rejoint à la fin de la visite. Elle nous remercie d'être venue, me redemande le prénom de mon frère mais a l'air contente de nous voir partir. C'était un peu expéditif à mon goût. Nous avons réussi à apprendre qu'il y a 23 enfants dans l'orphelinat, qu'ils sont tous abandonnés, qu'ils ont entre 2 et 13 ans, qu'ils ont de la visite mais j'imagine celle de touristes...Et que les adoptions ne se font plus non plus ici à Delhi. Du coup, je me demande ce que vont devenir ces enfants.

 

Il y a au rez-de-chaussée d'autres filles handicapées qui ont l'air un peu plus grandes. Mais nous avons juste le temps de leur dire hello que nous devons partir.

 

Je voulais voir le lieu, mais comme je ne me souviens pas d'être venue ici, cela ne me parle pas. C'est peut-être dans le premier orphelinat que j'ai dormi. Je ne sais pas. Je sais juste que si mon frère veut des informations, c'est ici qu'il les aura. D'une certaine manière, la boucle est bouclée pour moi. Ou presque. Encore une visite à Kolkata et oui, là, les pièces du puzzle de ma vie, seront toutes au bon endroit.

 

Le chauffeur nous a attendu et nous décidons de rentrer à l'hôtel. Le long du chemin, nous voyons le fort rouge (Ambert Fort). Il fait 2 mètres de long sur 2 mètres de large il paraît. Nous voyons aussi un gigantesque parc réservé qu'aux enfants. On voit leurs parents sur les bancs qui les regardent jouer mais c'est interdit au public sinon. Il y a des rappels de signalétique sur l'utilisation du rond point. Mais cela ne sert pas à grand chose il semblerait. De même qu'au sol il est écrit STOP en géant et que personne ne s'arrête. Nous croisons aussi quelques civils un peu fous qui traversent la rue en plein milieu de la circulation. C'est comme si tu voulais traverser le rond-point de l'Etoile à Paris à l'heure de pointe !

 

Notre chauffeur nous explique qu'il habite dans la rue de notre hôtel et qu'il aimerait nous inviter dans sa modeste demeure pour manger un de ces jours. Il nous montre aussi les photos de son mariage. A côté de notre hôtel, nous prenons un tchai et croisons une parisienne qui est arrivée il y a quelques heures. Nous discutons quelques instants puis nous montons nous reposer avant de ressortir le soir.

 

Car nous avons rendez-vous avec Virginie et Jean-François qui tiennent la boutique indienne "Namasté" à Lourmarin. Ils nous ont donné rendez-vous à trois pas de notre hôtel dans le restaurant Metropolis. Nous mangerons sur la terrasse située sur le toit. L'endroit est charmant et la nourriture vraiment excellente. Une amie à eux Carine qui est de Reims et qui tient elle aussi une petite boutique indienne par chez elle nous rejoint. Le repas est joyeux, nous apprenons beaucoup de l'Inde, échangeons sur notre premier voyage et sur les choses à voir, à découvrir.

 

Nous apprenons que les hommes qui portent des turbans sont des sikks. C'est une religion Indo-musulmane. L'autre soir, nous vous avons dit qu'ils servaient des repas. En moyenne dans ce lieu, 22000 repas sont offerts par jour à qui le veut. Ils ont de grandes cuisines tout autour du temple et ce sont des bénévoles Sikks qui font les repas chaque jour.

 

Nous notons aussi quelques infos utiles pour la suite de notre voyage et nous nous quittons pas loin du restaurant. Des jeunes hommes nous prennent en photo et c'est la première fois que je me fais draguer en Inde.

 

Sur le retour, ils reviennent pour faire d'autres photos. Ils n'ont pas compris que je ne voyage pas seule et ils nous laissent finalement repartir tranquillement.

La rue de notre hôtel est un peu moins déserte que hier soir. Il y a un nouveau vendeur de tchai juste devant.

 

Nous rentrons nous coucher car il est déjà minuit passé et que demain sera une nouvelle journée pleine de découvertes.

 

Les photos que vous allez voir des orphelinats ne sont pas toutes de super qualité car il est interdit de filmer ou photographier les lieux et les enfants et nous l'avons quand même fait quand elles ne nous regardaient pas.

 

A demain !

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