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Kolkata Jour 4

(4 février 2018)

Salut tout le monde,

 

La journée a été bizarre...

 

Tout d'abord, elle a commencé très tôt ou très tard, c'est selon. Je n'ai pas réussi à dormir avant 6h ce matin. J'avais encore toutes ces belles images d'enfants devant les yeux et je les repassais en boucle...

 

Du coup le réveil a été tardif. Laurent était déjà réveillé et triait ses photos de son côté. Nous avons pris le temps de mettre à jour nos écrits et nos photos et nous avons commencé à planifier la suite de ce voyage car vous le savez, nous ne resterons pas un mois à Kolkata. Nous n'avions rien planifié avant notre départ mais maintenant, il fallait quand même un minimum anticiper pour prendre un billet de train ou d'avion ou de bus...

 

Bref, nous savons que ce nous allons faire mais cela a été la galère. Je ne parle pas du choix de la destination, mais les recherches sur le net pour trouver les meilleurs prix, le meilleur trajet, et surtout être capable de payer en ligne... Pour vous donner un ordre d'idée, cela nous a pris 4h ! Mais nous y sommes arrivés et nous savons où nous irons après Kolkata. Mais ne nous demandez pas, nous ne vous le dirons pas maintenant...Chaque chose en son temps...

 

Nous sommes donc sortis de l'hôtel à 16h. Nous avions prévu d'aller au marché que nous avions repéré le soir d'avant avec Giovanni et Allen. Il se trouve dans un quartier animé et cela nous semblait être intéressant de partir de ce côté-là. Nous avons besoin d'acheter quelques habits car nous n'avons pas pris grand chose.

 

L'hôtel nous fait venir un taxi qui ne coûte pas cher quand on le commande via une application. Il arrive moins de dix minutes plus tard.

 

Nous faisons en fait à peine 5 minutes de voiture (cela nous a paru plus long hier soir) et nous demandons à être déposé devant le Neuroscience Hospital. Allen nous avait dit que le marché se trouvait juste à côté. On regarde un peu partout et on marche sans trop savoir où l'on va. Et dans une ruelle, c'est les slums (bidonvilles)...

 

On y va pour découvrir aussi cette vie-là de Kolkata. On commence par voir des enfants qui cassent des cailloux ou des bouts de bois. Puis sur la gauche, c'est l'entrée du service des urgences. La foule qui attend devant est gigantesque. En gros, il ne faut pas être pressé. La police est dans les parages et gère les entrées et les sorties des ambulances, Mais pour la plupart, elles sont plus petites que les voitures que nous connaissons.

 

Juste devant l'entrée, une odeur de décharge emplit nos narines, une énorme benne à ordure est posée juste là. Les corbeaux y ont élu domicile et tournoient au-dessus et autour de toi quand tu t'approches de trop près. L'odeur est terrible, en tout cas pour moi et on continue.

 

La rue est interminable, on voit au-dessus de nos têtes des vêtements en train de sécher sur toute la longueur. Un homme demande à être photographié avec sa maman assise en tailleur devant la porte de leur "maison". Il est heureux et demande à faire une photo avec ses enfants. Le sourire qui fend leur visage est magique. On poursuit notre route et les odeurs d'épices, de plats qui se préparent car il est bientôt l'heure de manger envahissent nos narines. Mais la seconde d'après, les odeurs d'égout prennent la relève. Tout se mélange dans cette rue. Un homme se lave, cela sent le savon, une femme cuit ses chapatis accroupie, des enfants nous tirent la manche "How are you ?", des chèvres boivent de l'eau à même un petit robinet avant de retourner dans leur petite maison. Les corbeaux survolent toujours le bidonville et le fourmillement des hommes et des femmes continuent.

 

Nous ne savons pas s'il est bon de poursuivre dans cette direction car le sol est trempé et très glissant pour moi et parce que l'on ne voit pas le bout de cette rue. Mais un attroupement de femmes nous indique qu'il n'est plus possible d'aller plus loin ou du moins elles ne le souhaitent pas. Nous faisons demi-tour. Juste à côté des enfants qui cassent des cailloux et des bouts de bois, cinq hommes demandent à être pris en photos. Il me font de grands gestes de la main et je demande à Laurent de répondre à leur demande. Ils sont ravis de pouvoir se voir sur les photos. Ils nous remercient mais ne disent pas un mot. Puis une des cinq personnes applaudit la photo réussie de Laurent en agitant les bras en l'air. Je comprends qu'ils sont tous sourds. Ils acceptent que l'on prenne aussi leurs enfants qui sont sourds aussi comme me l'indique un des papas sans doute.

 

Nous sortons du bidonville et essayons de trouver le fameux marché. On prend la première rue à gauche et ce sont des échopes, des bazars avec tout et rien qui s'étalent devant nous. Nous voyons un tout petit magasin de vente de shampoing. Nous n'avions pris que des échantillons pour le voyage en attendant d'en acheter sur place. Nous cherchons les shampoings indiens mais c'est un peu compliqué de s'y retrouver. On découvre en arrière-boutique des shampoings très connus et nous attendons que le vendeur arrive. Il n'est pas dans son échoppe. Il arrive, grimpe sur un tabouret pour passer par dessus sa devanture. On finit par prendre un shampoing qui sent très très bon. On continue, nous croisons une boucherie locale. Je n'en dirai pas plus sur elle, car la photo est plus parlante que les mots. Ce que nous croyons être un marché est en fait des petits magasins de rues mais en aucun cas ce que nous recherchons.

 

La nuit est tombée et dans une ruelle on entend un homme chanter la prière des musulmans. Le son se répercute dans toutes les rues. Laurent enregistre tout en marchant. Mais je ne suis pas à l'aise. Les hommes me dévisagent, cela commence à devenir vraiment sombre. Nous ne savons pas où nous allons. Nous entrapercevons une salle de prière et nous faisons marche arrière. Je comprends qu'il n'y a aucune femme dans ce coin. Je veux partir au plus vite. D'autant plus que la ruelle d'à côté ressemble à un coupe-gorge. On refait le chemin en sens inverse et je me sens mieux dès que je vois de la lumière, des femmes et de la vie.

 

Nous ne sommes toujours pas au bon endroit, Cependant, je ne peux m'empêcher de rester quelques minutes devant ces milliers de bracelets bling bling de toutes les couleurs et de toutes les tailles. J'ai envie d'en prendre quelques-uns, mais le choix est trop grand pour moi pour le moment. Je passe mon temps à lever et baisser la tête car il y a des trous au sol...Mais quand je dis des trous, ce sont des vrais trous...un trou qui ferait que ta béquille s'enfoncerait au point de ne plus pouvoir la ressortir. Du coup, je ralentis un peu le rythme pour éviter un bête accident.

 

Je dois reconnaître que je m'attendais à pire que cela au niveau des routes à Kolkata. Franchement, c'est plutôt tranquille. Alors oui, c'est tout sauf plat, mais vraiment gérable. Par contre, pour un fauteuil roulant, c'est tout bonnement un combat de se balader dans ces rues. Les trottoirs sont très hauts, des amas de pierres s'entassent, tout est défoncé, l'eau savonneuse qui s'étale nous ferait vite glisser sur les pavés et je ne parle pas des arbres qui poussent en plein milieu.

 

Au bout de la rue, nous demandons où nous pouvons trouver un marché pour acheter des habits typiquement indiens et non made in china.

 

On nous répond que c'est à la Market Place qu'il faut aller. On cherche un taxi. Une famille descend et le mari me dit que l'on peut monter mais en réalité ce n'est pas le cas. Il essaie de nous attraper un taxi au vol car la circulation est juste dingue à cette heure de la journée. Nous voyons les rickshaws jaune et vert et on décide de tester ce mode de transport. Mais pour cela, il faut vraiment avoir envie de vivre car traverser la rue est juste une aventure à elle toute seule. Les passages pour piétons sont pour ainsi dire inexistants, et quand ils existent, on ne sait pas très bien à quoi ils servent. Nous réussissons à aller sur le trottoir d'en face. Nous attendons qu'un rickshaw arrive et pendant ce temps Laurent prend une photo d'un homme avec des singes sur son épaule. Mais le singe s'excite, sort les griffes et les dents et bondit sur l'appareil photo de Laurent qui recule au plus vite. Quelques secondes après, notre moyen de transport est là. Nous grimpons pendant que l'homme aux singes veut de l'argent pour la photo. Mais il comprend qu'il n'aura rien car la photo est ratée suite à la réaction du singe.

 

Le voyage en rickshaw est génial. L'air frais qui te fouette le visage, tout va vite...On dirait même que la règle est de ne jamais s'arrêter...Le chauffeur contourne les piétons, les voitures, les bus, les frôlent de très très près mais l'expérience est magique. Pour vous donner un ordre d'idées même si je suis nulle en orientation et tout, je pense que nous avons dû faire facilement dix à quinze minutes de trajet et nous avons payé 1,50 euros.

 

Le chauffeur nous dépose devant l'entrée du marché. Le monde est déjà beaucoup plus important que ce que nous avons pu vivre jusqu'à présent et on décide de bien accorder notre cadence pour ne pas se perdre, On sait que si vraiment c'était le cas, le point de rendez-vous serait l'hôtel.
C'est immense mais ce sont des magasins en fait qui vendent leurs habits sur le trottoir. Nous on recherche des échoppes de la rue et typiquement indien. On continue et on en prend pleins les yeux de toutes ces couleurs, toutes ces matières. On se croirait un peu aux puces de Saint-Ouen.

 

Je trouve facilement mon bonheur mais on se fait happer toutes les deux secondes et on décide de poursuivre pour voir s'il y a mieux ailleurs. On négocie pour la première fois nos achats et on continue. Nous ne trouvons pas de vêtements pour Laurent. On ne sait pas où cela se trouve. En fait, les vêtements pour hommes ne sont pas dans la même rue. Ici , on est du côté des femmes. On se dirige "chez les hommes" en se faufilant entre les taxis, les rickshaws, les vélos, les piétons. Le bruit des klaxons est incessant et difficile parfois à gérer quand il t'arrive directement dans l'oreille.

 

Le marché est immense et nous faisons une pause cigarettes assis sur des tabourets en plastique. Nous finissons par trouver et nous repartons en sens inverse pour reprendre un rickshaw.

Mais on a faim. On décide de manger dans la rue. On s'assoit comme au restaurant à une table. Laurent montre ce qu'il veut manger. On ne sait pas ce que c'est mais on connaît au moins les chapatis. De mon côté, je vois en arrivant une femme et sa petite fille devant un grand plat de nouilles aux légumes avec des oignons sur le côté. Je demande à goûter cela.

 

Pendant que nous mangeons, devant nous, un jeune homme est assis et fait des chapatis. Une fois sa pâte étalée, il la dépose sur une petite poêle et la faire cuire quelques secondes pas plus sur des braises. Il le retourne, fait cuire à nouveau avant de le retirer de la poêle et le mettre directement sur la braise. Le chapati en une demi seconde se gonfle comme un ballon de baudruche. Il le retourne le pose à nouveau sur les braises avant de le retirer très vite. Et il recommence cette manière de faire avec une autre boule de pâte.

 

Nos deux plats sont très bons, moyennement épicés, enfin les épices arrivent en deuxième dans la bouche mais c'est tout à fait gérable.

 

On repart de là repus et content d'avoir découvert de nouveaux plats. Le retour se passe sans encombre jusqu'à notre hôtel. Nous avons marché pendant cinq heures, la fatigue commence à arriver mais c'était vraiment agréable de se balader à un rythme tranquille.

Nous avions prévu d'aller voir l'hôpital où je suis née mais il était déjà un peu tard pour pouvoir faire des photos dans de bonnes conditions. Nous irons sans doute mardi à midi.

 

Voilà pour cette journée...Et maintenant la "minute fille", car il faut toujours une minute fille dans un voyage...

 

Je décide de tester ce nouveau shampoing. Et en me brossant les cheveux, j'hallucine...je n'ai aucun nœud, pas un seul ! Rire, non franchement c'est super agréable de se peigner sans devoir y passer des heures...Voilà, la minute fille est terminée !

 

Demain sera à nouveau une journée chargée avec des jolies rencontres en perspective...

 

Alors bonne nuit tout le monde !

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