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Kolkata jour 6

(6 février 2018)

 

Hello tout le monde !

 

C'est notre dernier jour à Kolkata avant de revenir dans un mois. Cela a été une journée compliquée. Comme tout prend un temps monstrueux ici, il faut sans cesse réfléchir à ce que l'on veut ou peut faire vraiment car au final, tu n'en fais pas la moitié.

 

On a commencé par chercher un hôtel qui correspond aux critères que j'ai défini dans mon projet. Cela nous a pris un demi-siècle et du coup c'était frustrant de perdre du temps devant un ordinateur alors que nous aurions pu être dehors ou avec les petits ou... Et en plus pour ne pas savoir si concrètement, l'hôtel sera correct.

 

Car ici, tout ne se fait pas en un clic pour les réservations quelles qu'elles soient. On est habitué à ce que les choses se fassent vite, eh bien ici, faut savoir prendre son temps...vraiment...

 

Une fois que tout cela a été réglé, nous sommes allés voir les enfants à Shishu Bhavan car nous ne les reverrons que dans un mois.

 

A notre arrivée, les plus grands sont dans leur réfectoire en train de manger des quartiers de pommes. Certains ont déjà fini et partent jouer dans la pièce d'à côté, pendant que d'autres prennent leur temps ou empilent leur plat au bout de la table.

 

Nous allons ensuite voir les plus petits qui viennent de terminer eux aussi leur goûter et attendent de pouvoir sortir jouer dehors devant l'entrée. Je prends la main d'un petit bout de chou et l'emmène dans le couloir avant qu'une sœur ne le récupère.

 

Comme ils joueront pendant deux heures dans la cour, nous avons le temps d'aller voir les bébés au deuxième étage. Rien ne change, ils sont toujours aussi mignons et il y a roulement entre ceux qui ont déjà pris leur goûter, ceux qui sont changés et ceux qui jouent au sol en attendant qu'on les prépare. Les sœurs et les massis font cela un peu à la chaîne et ne tiennent pas toujours compte du bébé qui pleure pendant qu'elles les nettoient. Il faut aller au plus vite.

 

Vous avez sans doute compris que je suis tombée en amour pour Shoana et je prends plus le temps avec lui. Je lui chante une chanson à l'oreille rien que pour lui et il me fait de grands sourires. Je profite de ce moment car je sais que je ne le reverrai pas avant notre retour ici. Je suis en train de calculer comment le mettre dans ma valise lors du retour...sourire...

 

Laurent immortalise chaque instant car on ne sait pas ce qui peut nous arriver durant ce mois et si pour X raisons nous ne pouvions pas revenir les voir, au moins nous aurons un maximum de souvenirs.

 

Nous allons dans la cour de jeux des plus grands. La vie des enfants est toujours la même mais ce jour-là des bénévoles venus de Hollande s'ajoutent à cette ribambelle d'enfants qui courent, rient et crient. Ils sont aux nombres de dix. Deux professeurs les accompagnent. Ils sont là pour dix jours et chaque matin, ils donnent des cours aux plus grands. Ils sont émerveillés de voir des enfants qui adorent aller à l'école et qui sont très curieux et attentifs.

 

Quand ils les revoient dans la cour de jeux, c'est la fête. Ils se retrouvent autour des balançoires et des étudiants les poussent tout en chantant tous en chœur "Jingle Bell". Les petits ne connaissent pas la chanson mais restent silencieux et écoutent avec un plaisir non dissimulé.

 

Je m'assois sur une balançoire et une petite fille me jette un volant de badminton. Elle joue avec une massi et fait exprès de me le jeter sur moi à chaque fois pour que je le lui redonne. Un garçon fougueux s'approche et s'amuse avec mes béquilles. Il fait des ronds sur le sol avant de me les donner très vite et de repartir en courant.

 

Puis je vois accroché au bras d'une massi la petite fille au bonnet bleu. Elle me regarde avec son sourire qui illumine tout le jardin et je m'approche d'elle. Mais je pense qu'elle est vraiment de nature craintive ou je ne sais pas car elle n'est jamais avec les autres enfants. Elle est toujours avec une massi et seulement elle. Quand je monte voir les bébés, elle est aussi là à chaque fois. Peut-être qu'elle aime le calme ou parce que les bébés ne l'embêtent pas.

Puis nous prenons le temps d'aller voir les enfants handicapés au 2è étage. Il est interdit de prendre des photos mais nous sommes autorisés à le faire car maintenant, on considère que je suis "de la maison".

 

Un bénévole joue de la musique relaxante sur un grand tapis. Certains dessinent, d'autres tapent sur les touches d'un petit piano en plastique. Une lance une balle contre Laurent. Elle était installée sur une chaise haute en position debout mais où elle ne pouvait pas s'asseoir si elle le souhaitait. J'imagine qu'elle doit passer un certain temps par jour sur cette chaise pour sa rééducation.

 

Le physiothérapeute est là comme chaque jour et pendant qu'il donne un soin, nous discutons. Il m'explique qu'il est là juste pour un mois et après il reviendra s'installer plus longuement. Il est en train de faire craquer des vertèbres du dos d'une petite fille qui portent des orthèses mais sans armature métallique.

 

Sur le grand tapis, des massis ont chacune un enfant dans les bras et leur donnent des soins de rééducation. Certains les massent, d'autres les balancent d'avant en arrière, elles leur apprennent à tourner la tête dans un sens puis dans l'autre...Les enfants dont on ne peut s'occuper dans l'instant sont installés sur des fauteuils spéciaux ou sur un gros pouf. Des bénévoles venus des quatre coins du monde s'occupent d'eux à tour de rôle pour pouvoir profiter de chacun.

 

Un petit bébé dort dans un lit immense. Il est à croquer et on ne peut détacher ses yeux de lui. Il paraît si minuscule dans ce lit. D'ailleurs il est calé par de grands coussins en forme de boudin. Je pense que c'est le plus petit enfant de cette section. Je ne sais pas par contre quel handicap il a.

 

A l'entrée de leur espace, il y a quelques enfants dans des lits. Ils sont aveugles. Je m'approche et serre la main d'un petit. Il se retourne. Je lui parle, lui caresse le bras et il commence à gesticuler dans son lit. Je ne reste pas trop car il ne connaît pas ma voix et il n'aime peut-être pas ça. Du moins c'est ce que je ressens.

 

Nous repartons pour aller prendre un rickshaw. J'ai le cœur serré de savoir que je ne les reverrai pas avant longtemps. Je me suis attachée...

Nous avons décidé d'aller voir l'hôpital où je suis née le Nilratan Sarkar Medical College Hospital. C'est le 5ème hôpital le plus performant au monde. Il se situe dans la même rue que Shishu Bhavan. Nous pensons que ce serait chouette de prendre un rickshaw car nous imaginons qu'il ne se situe pas loin. Et en fait, c'est la galère !!!

 

Aucun rickshaw ne veut nous emmener. C'est sans doute trop loin et il faut prendre un taxi. Rebelote galère ! Nous ne sommes pas du bon côté de la route et une fois que c'est la cas, aucun n'est disponible. On décide de retourner à l'hôtel et de demander au personnel d'appeler pour nous un Uber taxi (taxi qui se réserve par le biais d'une application et où l'on peut suivre son trajet en temps réel).

 

Nous faisons maximum dix minutes de voyage et nous arrivons devant un énorme bâtiment délabré avec des gens au bord de la route. Le chauffeur nous dit que c'est là. Je lui demande si c'est bien le cas, car j'avais vu des photos de l'hôpital en amont et c'était un super beau bâtiment colonial rouge. Et là, c'est un peu tout le contraire. Je demande à ce qu'il nous dépose devant l'entrée. Il ne sait pas où c'est et s'arrête pour demander à des connaissances la bonne direction à prendre. Ils nous disent que tous les bâtiments que nous voyons autour de nous, c'est le Nilratan Sarkar Medical College Hospital !

 

Ah ben on est mal barré ! On explique que nous souhaitons aller au service maternité. On nous indique l'entrée et nous faisons les quelques mètres qui nous séparent de l'entrée principale. Le taxi nous dépose et nous découvrons un tout autre monde. Les gens s'amassent devant l'hôpital, tout est sale, vétuste, cela sent mauvais, un seul et unique taxi, un seul et unique rickshaw pour tout ce complexe de soins !

 

Nous voyons l'entrée. Un policier est stationné devant. Nous entrons. Sur la droite, il y a un banc avec une famille qui attend. Sur la gauche, deux policiers sont assis et regardent qui entre et qui sort.

 

En face de nous, nous avons les ascenseurs. Ils sont au nombre de 5. Le sixième est en travaux. On peut voir les énormes bambous qui vont faire office de structure de base.

 

Nous consultons le tableau des étages et apercevons néonatologie au deuxième étage. Au rez-de-chaussée, il y a la gynécologie. Nous ne savons pas très bien où aller et nous allons au deuxième. L'ascenseur s'ouvre, des gens sortent et nous entrons. Un homme referme deux grilles et nous montons.

Sur notre gauche, se trouve le service. Il faut savoir que l'odeur est partout la même. Un mélange d'antiseptique avec celle de la transpiration, de l'odeur de la ville. C'est supportable mais inhabituel pour nous où tout est aseptisé surtout dans ce genre d'endroits. Nous entrons dans le service. C'est en fait un couloir avec des chambres. Sur la gauche, on voit des éviers avec des l'eau qui coule en continu. Une femme est en train de boire pendant qu'un chat regarde l'objectif de Laurent avec des immondices autour. Le sol est à peine visible et on se dit que ce n'est pas là...On espère aussi de tout cœur de ne pas avoir besoin de passer par la case urgence durant notre séjour.

 

On continue et on voit un panneau écrit en hindi et avec le dessin d'une femme enceinte. Au moins, nous savons que nous sommes au bon étage. Puis sur notre droite, c'est inscrit en anglais babyroom si je me souviens bien, door 4. Nous entrons. Deux femmes viennent à notre rencontre. Nous essayons d'expliquer pourquoi nous sommes là. Elles ne comprennent pas tout. Elles s'en vont et pendant ce temps un couple arrive. La femme est enceinte. L'homme reste à la porte et elle s'en va dans le couloir. Peut-être que les hommes ne sont pas autorisés dans ce service.

 

Les deux femmes reviennent et nous disent que c'est par ici. Mais je ne suis pas sûre qu'elles nous aient compris, de plus je n'avais pas pris mon sac à dos où il y a mon mini-dictionnaire anglais. Du coup on ne trouvait pas les mots exacts pour tout expliquer, mais finalement nous entrons.

 

J'ouvre une porte battante et je vois des infirmières qui papotent derrière. Nous expliquons à nouveau la situation et elles me disent qu'ici c'est le service de néonatologie et qu'il y a des enfants qui...et là je n'ai plus rien compris. Elles m'ont juste montré du doigts des lampes à ultra violet et j'ai compris que nous n'étions pas au bon endroit. Nous faisons demi-tour.

 

Nous reprenons l’ascenseur et au rez-de-chaussée, je vois inscrit gynécologie à gauche. Sauf que lorsque je regarde à gauche, cela semble être un couloir délabré. Nous faisons trois pas mais la police nous dit que non, il ne faut pas aller par là et que nous devons sortir.

 

Nous sortons et cherchons la gynécologie. Car on ne sait pas s'il existe réellement un service maternité. Et à ce moment là, une flic arrive, suivi de deux autres. Ils nous demandent quelles photos nous avons prises. Et là, je me revois quelques années en arrière quand j'avais passé des vacances en Tunisie. J'avais sans le savoir photographié le bâtiment de la police car il était super beau et en fait c'est interdit. J'ai fini au poste à devoir effacer toutes mes photos.

 

Je me suis dit qu'ils allaient nous demander de faire pareil et intérieurement je stressais car je ne voulais pas qu'ils nous demandent d'effacer toutes les photos de la journée. J'aurais été trop frustrée.

 

Des curieux arrivent et essaient de savoir ce qu'il se passe. En quelques secondes, nous sommes encerclés.

 

Laurent leur montre les photos qu'il a prise de l'hôpital et nous demande pourquoi on fait ça. J'explique la situation pendant qu'ils continuent de regarder.

 

Le cercle s'agrandit et nous sommes l'attraction du moment.

 

Au fur et à mesure que Laurent faisait défiler les quelques photos qu'il avait prises, je vois des sourires fendre leurs visages. A la fin, ils nous disent que c'est ok et que nous pouvons y aller. Nous laissons tomber le service gynécologie. Je crois en avoir assez vu pour ce lieu.

 

Je suis très contente d'y être allée et de voir à quoi ressemble aussi un hôpital indien mais je n'avais pas besoin de plus finalement.

 

Nous prenons le seul tuk tuk garé devant l'hôpital et nous demandons à rentrer à l'hôtel. Nous indiquons Shishu Bhavan pour que cela soit plus facile. Et en fait, il ne savait pas du tout où il devait aller. Les dos d'éléphants ont fait craindre le pire à mon dos et en plus, il n'a même pas pu nous emmener là où l'on voulait car il aurait été obligé de passer devant la police et sur une artère principale. Nous descendons et rentrons à pieds.

 

Ce bout de journée m'a vidé et Laurent me fait un massage avant de trier ses photos. Puis nous retournons manger dans le resto de rue de hier et rentrons pour faire nos sacs. En effet, demain nous partons pour de nouvelles aventures !

 

Belle nuit à toutes et tous !

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