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Kolkata jour 28

(28 février 2018)

 

Hello tout le monde !

 

Que cela passe vite... Rien que le fait d'écrire la date du jour est déprimant. Déjà un mois que nous sommes ici. Plus que quelques jours et nous devrons partir. Alors en attendant, nous profitons encore de chaque minute passée ici.

 

Cet après-midi, nous allons à Daya Dan. Je vous en avais déjà parlé la première semaine où nous étions à Kolkata. C'est un autre orphelinat de Mère Teresa qui s'occupe d'enfants handicapés mais qui sont beaucoup plus grands. Je souhaite aller rencontrer Kalpona Naskar, une massi qui était à Shishu Bhavan en 1982. Nous partons donc pour Daya Dan mais sans savoir exactement si elle travaille aujourd'hui. C'est au petit bonheur la chance.

 

Le taxi que nous prenons ne sait pas une fois de plus où nous devons aller. Il consulte notre petit carnet, téléphone au numéro qui est indiqué et il prend la route. Il fait demi-tour. Je sais que ce n'est pas le bon chemin mais je ne dis rien. En quelques secondes, il s'arrête, sort du taxi, demande à un collègue de venir et ouvre le capot. Alors là, je me dis qu'on n'est pas près de partir...Ils font tourner le moteur, ça sent le gazoil, c'est insupportable, puis il remonte et nous repartons dans la bonne direction cette fois-ci.

 

Le long du trajet, il nous dit qu'il nous emmènera tout près d'un parc, pas loin de Daya Dan. On ne comprend pas vraiment ce qu'il dit. Il écrit le nom du parc sur notre carnet mais bon, nous devons lui faire confiance et lâcher prise car nous n'avons pas d'autres choix.

 

La route est longue. Nous arrivons dans un quartier que nous ne connaissons pas. On dirait que c'est le quartier des transporteurs. Il y en a partout. Des tonnes et des tonnes de marchandises qui sont portées sur la tête, ou sur des camions, charrettes, et cie. Et tous, circulent en même temps...C'est l'enfer de rouler là au milieu. Je vois deux hommes sortir péniblement un sac de toile d'une charrette. L'un des deux vacille presque. Puis ils soulèvent le baluchon avant de le déposer sur la tête de leur collègue qui prend une ruelle tellement étroite que je me demande comment son chargement sur la tête ne reste pas coincée dans la ruelle. Leurs cervicales doivent être en bouillies. C'est inimaginable comme cela doit être lourd à porter.

 

Nous arrivons à Daya Dan. Le chauffeur nous laisse juste à côté. Nous voyons une ruelle avec la porte d'entrée de l'orphelinat. Il n'est pas encore 15h, c'est fermé. Un homme vient à notre rencontre et nous fait entrer. Nous nous installons dans un grand hall. Un escalier imposant se dresse juste devant nous avec des photos de personnalités religieuses au mur. Sur la droite, il y a une grande porte jaune où l'on entend les enfants qui parlent derrière.

 

J'explique à ce monsieur que je souhaiterais rencontrer la massi Kalpona Naskar. Il acquiesce de la tête, monte les escaliers et revient quelques minutes plus tard. Nous pouvons monter. Les escaliers sont nombreux avec toujours autant d'images pieuses au mur. Nous arrivons en face d'une petite pièce où sont assises deux sœurs. J'explique ma demande et quelques minutes plus tard, Kalpona Naskar arrive. Elle n'est pas très grande, je dirais même qu'elle fait ma taille je pense. Une des sœurs lui traduit ce que je dis et elle me reconnaît de suite en entendant mon prénom. Je vois sur son visage qu'elle sait qui je suis malgré les années. J'avais oublié de prendre une photo de moi toute petite, mais finalement je n'en ai pas besoin. Elle est vraiment contente de me voir. Elle me caresse la joue, accepte volontiers les photos après avoir remis sa tenue en place et c'est elle qui nous fait visiter l'orphelinat.

 

Nous montons au deuxième étage. C'est l'étage des filles. Elles sont une dizaine je dirais à être handicapées. Des massis s'occupent d'elles en permanence. C'est l'heure du goûter. Des petites filles viennent vers nous et nous tiennent la main. C'est coloré aussi ici. Nous visitons la salle de kiné. Les petites nous suivent. Mais Kalpona veut que nous continuions la visite. Nous découvrons leur réfectoire. C'est en fait une très grande cuisine avec une table ronde. Puis nous redescendons au rez-de-chaussée.

 

Derrière les fameuses portes jaunes, nous arrivons chez les garçons. Ils sont séparés des filles mais je ne sais pas si c'est tout le temps où si de temps à autre, ils se retrouvent tous.

 

Il y a vraiment tous les âges on dirait. Sur les murs, il y a des fiches avec le prénom de chaque enfant, sa photo et les soins dont il a besoin et ce qu'il est capable de faire ou non.

 

Nous passons dans la pièce suivante. Les massis sont assises au sol et plient des vêtements, changent des draps, ou des petits. C'est aussi l'heure du goûter pour eux. Kalpona est toute contente de pouvoir dire aux autres massis qui je suis. Nous visitons ensuite les toilettes et enfin nous prenons congé.

 

Ce petit moment était agréable et je reviendrai sans doute plus longuement pour voir les enfants lors d'un prochain voyage.

 

Nous sortons de l'orphelinat et décidons d'aller voir le fameux pont de Kolkata le Howrah Bridge. C'est un monstre métallique de 450 mètres de long reposant sur des piliers de 90 mètres de haut. Chaque jour, plus d'1'500'000 personnes empruntent ce pont et un million de voitures, rickshaws, charrettes, taxis, vélos, bus et autres.

 

Le trajet pour aller de Daya Dan au pont est interminable. Nous faisons 20 mètres, nous nous arrêtons 20 minutes, refaisons 20 mètres, etc. La police gère le trafic. Notre taxi ne prend pas la direction que lui a indiqué la police et le ton monte. Mais les forces de l'ordre sont vite obligés de gérer d'autres soucis de circulation et notre chauffeur prend la route qu'il souhaitait dès le départ. Nous voyons enfin au loin les armatures métalliques du pont.

 

Nous descendons au milieu de la circulation, des badauds, et nous commençons cette excursion.

 

Nous voyons avant d'arriver sur le pont même, des vendeurs de fruits et légumes, des marchands de petites bricoles, et on sent que la fête de l'Holi se prépare aussi de ce côté de Kolkata. Une fois sur le pont, nous sentons qu'il vibre en permanence. Il y a la route principale avec une circulation de fous furieux, puis sur les côtés de part et d'autre du pont, il y a un large trottoir pour les piétons. Mais pour accéder à ce fameux trottoir, nous devons d'abord marcher sur la route, frôler toutes les voitures, qui viennent en sens inverse et ensuite passer sous des barrières métalliques pour accéder enfin à l'espace piéton.

 

J'avais lu que c'était l'enfer de marcher sur ce pont. Qu'il y avait un tel monde que tu ne pouvais pas bouger, que ce n'était vraiment pas agréable et pas accessible aux personnes handicapées. Et en fait pas du tout. C'est super ! Il est super large, il y a du monde, c'est sûr mais c'est vraiment raisonnable pour ce que j'ai déjà pu voir et vivre et le sol est tout plat, propre et lisse. C'est vraiment sympa de le traverser. Nous voyons sur notre droite au loin des gaths avec des gens qui se lavent, font leurs ablutions ou leurs lessives. Nous continuons de marcher. Les gens rient de voir Laurent avec son appareil. Certains le mettent en garde car la police n'est pas forcément loin et il est interdit de prendre des photos. Car à l'origine, le pont fut construit en 1943, en pleine Seconde Guerre mondiale et il était considéré comme un site stratégique et militaire. A l'époque, cette interdiction pouvait se justifier mais maintenant, elle paraît un peu absurde. Du coup, je vérifie toujours qu'il n'y ait aucune force de l'ordre dans les parages.

 

A la sortie du pont, nous descendons des escaliers et passons sous le pont par un petit tunnel. Nous nous retrouvons en plein marché de fruits et légumes. La rue est étroite, le monde impressionnant et on entend toujours en permanence les klaxons des voitures et autres. Nous sortons de la rue. Des urinoirs sont dressés juste à côté mais la plupart des hommes font pipi au bord de la route au milieu des détritus. L'odeur est assez terrible. Nous traversons pour aller sur les gaths et voir les hommes et les femmes qui se lavent de plus près. Nous passons devant une file d'hommes qui attendent de prendre un billet de train. En effet, c'est ici qu'il y a les guichets. La gare est en fait juste à côté.

 

Nous nous retrouvons sur les gaths. Il y a quelques marches d'escaliers où sont posés des gens qui profitent de la vue du pont. D'autres apportent leur lessive dans de gros sacs. Des hommes sont couverts de savon et se lavent pendant que d'autres font leurs ablutions. Un homme rince sa bouteille en plastique avant de la remplir avec l'eau du Gange et de la boire à grandes gorgées. Le Gange est le fleuve où tout se passe. De la vie à la mort, tout passe par ce fleuve. Alors imaginez boire de cette eau est une image un peu spéciale pour nous. Mais le temps s'arrête au bord des gaths... Chacun prend le temps.

 

Nous retraversons le pont dans l'autre sens et admirons un coucher de soleil. Mais avant cela, nous devons à nouveau marcher sur la route au milieu des voitures avant d'accéder aux trottoirs. Nous croisons une manifestation mais d'hommes cette fois-ci. Ils étaient tous habillés en orange et avançaient sur la route comme si de rien n'était. Nous ne savons pas pourquoi ils manifestaient.

 

Personnellement, je n'en peux plus, je suis à bout et je sais que le trajet sera encore long. Nous voyons de ce côté du pont, des péniches qui traversent le fleuve avec des touristes et qui leur font voir le coucher du soleil au milieu de l'eau. Mijo et Hazar ont fait cette petite virée et elles ont trouvé ce moment très paisible même si cela coûte très cher comme excursion. A la sortie du pont, nous voyons le marché aux fleurs qui est presque terminé. Il reste encore beaucoup de pétales au sol mais ce sont surtout des quantités invraisemblables de sacs, de détritus qui longent le fleuve.

 

Je voulais aller au marché aux fleurs. Mais le meilleur moment pour le faire est 5h du matin quand toutes les fleurs arrivent. Sauf qu'en quelques secondes, le sol devient très vite glissant, le monde double et il est pour ainsi dire impossible de marcher. C'est pour cette raison que nous avons décidé de le voir depuis le pont.

 

Je suis de plus en plus fatiguée, je ne prends plus vraiment de plaisir à regarder tout cela. Je voudrais rentrer. Laurent n'est pas bien non plus. Nous cherchons un taxi mais c'est compliqué car nous ne savons pas dans quelle direction il faut aller. Je finis par demander directement à la police et c'est elle qui arrête un taxi pour nous. Nous rentrons à l'hôtel où je prépare les sacs pour essayer de visualiser les bagages à gérer pour l'aéroport ou pour la poste. Nous n'avons pas encore décidé ce que nous allons faire.

 

La fête de l'Holi a commencé ce soir même si officiellement c'est demain et après-demain, mais nous sommes trop fatigués pour ressortir.

 

Bonne nuit !

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